Nous vous présentons Pierre Eisenhuth, consultant chez GCP depuis plus de 6 ans et sportif de haut niveau. Changement de format pour ce second épisode, découvrez dans une interview comment Pierre concilie une activité sportive de haut niveau, les sports d’ultra-endurance, avec son métier de consultant.
Présente-toi en quelques mots et que fais-tu chez GCP Consulting ?
Passionné de voyages, nature et grands espaces de liberté, je me considère davantage comme un aventurier plutôt qu’un athlète/sportif amateur. Un des rares consultants de l’équipe venant de l’Université Catholique de Louvain, j’ai eu l’opportunité de faire un double diplôme avec un Master en Supply Chain suivi d’un Master en Finance, ce qui m’a permis d’aller étudier un an à Lisbonne. Ceci m’a donné goût à la découverte de nouveaux endroits, de nouvelles personnes et de nouvelles cultures. Un sentiment de « pas assez » et surtout « pas suffisamment authentique » est né et a fait percoler en moi l’envie d’une autre forme de voyage. Sortir des carcans universitaires, de l’homogénéité des classes sociales et de la société d’hyperconsommation : me voici avec un billet d’avion sans retour pour la Nouvelle-Zélande et un visa PVT d’un an. Influencé par les lectures de Tesson et Thoreau, j’embarquais dans un tout autre type de voyage avec mon sac à dos, et mon plus fidèle destrier renommé « Regina » : une vieille voiture de 1995 dans laquelle j’allais dormir pendant un an. Une ode au temps long et à vaincre nos tropismes capitalistes.
Après cette petite parenthèse anarcho-libertaire, je suis rentré au bercail, avec les idées un peu plus claires. J’ai vite décelé chez GCP des valeurs plus humaines et un côté « hands-on » qui m’a directement plu. J’ai rejoint l’équipe « conseil » il y a de ça 6 ans maintenant. Passionné d’entrepreneuriat, ma curiosité a vite été attisée par le P, « Participation », de GCP (ndlr : GCP, en plus de reprendre les initiales de notre fondateur, fut un temps défini en : Gestion Conseil et Participations), c’est-à-dire le volet entrepreneuriale du groupe consistant à faire croître des jeunes sociétés dans des domaines/activités complémentaires en y appliquant les méthodes et outils issus du conseil dans tous les pans de l’entreprise : stratégie ; opérations ; supply chain ; commercial ; gestion de projets ; etc. Un véritable petit laboratoire interne qui vous permet d’avoir une vision 360° de l’entreprise et les montagnes russes émotionnelles que vous garantit le quotidien d’une startup en croissance. Je suis désormais à temps plein chez IOME, société interne dont la mission a pour but d’être le partenaire privilégié des professionnels de l’immobilier pour le service en aménagement d’intérieur. Au fil des années, j’ai pu mettre ma pierre à l’édifice, construire une palette de compétences et élargir notre gamme de produits et services. Je suis responsable de tout l’aspect supply chain, du suivi de certains projets stratégiques (mise en place d’ERP, comptabilité analytique / rentabilité, BI, etc.) ainsi que quelques sujets financiers.
Nous nous intéressons aux talents de nos consultants, dis-nous en plus sur le tien ?
Je ne sais pas si on peut parler de talent, mais plutôt d’une passion pour les sports « d’ultra-endurance ». Le spectre d’ultra-endurance est large et les définitions multiples. Ma vision personnelle est l’art de joindre un point A à un point B, par un itinéraire qui fait sens, via une force motrice humaine, si possible dans un environnement alpin. Ceci peut donc évidemment se faire en courant (trail running), en skiant (ski de randonnée), en grimpant (escalade), en haute montagne (alpinisme). Les pratiques peuvent s’entre-couper ; c’est là que réside toute la beauté de la montagne : les frontières entre chaque sport se dissipent et s’entremêlent et votre bon sens et lecture du terrain vous permet de choisir la bonne approche.
Pour vous donner quelques accomplissements concrets : L’ultra-trail du mont blanc (Course de 170KM et 10,000m de dénivelé consistant à traverser les alpes françaises, italiennes, suisses en faisant le tour du Mont Blanc) ; Traversée du Massif de Belledonne en Ski de randonnée (100km et 8000m de dénivelé) ; L’arête Küffner en alpinisme qui rejoint le Mont Maudit à 4468m.
Quand est-ce que cela a commencé ?
Tout a commencé en octobre 2015 lorsque je me suis lancé le défi de faire le marathon de Lisbonne. J’ai été directement intrigué par les efforts longs et j’ai vite switché sur le trail running car la composante nature avait beaucoup d’importance à mes yeux.
Je pense que l’aspect dépassement de soi et découverte de la nature m’ont fait tomber amoureux de ce sport. J’ai toujours aimé disséquer un sujet, l’approfondir, le mettre en pratique et apprendre de ses erreurs (la fameuse feedback loop en management 😉). Je préfère avoir une poignée de sujets/hobbys sur lesquels je me concentre à 100% plutôt que d’être dispersé sur un nombre incalculable de projets. Pour moi, il y a la sphère travail, la sphère sport et la sphère sociale : je me concentre à 100% là-dessus ; le reste, c’est du bruit.
Je pense aussi qu’il y a un incitant spirituel et biologique. D’un point de vue biologique, j’ai toujours été fasciné par l’adaptabilité du corps humain. L’ultra-endurance est un terrain de jeu infini pour tester notre corps à sa capacité d’adaptation. D’un point de vue spirituel, une des caractéristiques de l’homme qui lui a permis de se différencier de l’animal a été sa capacité à créer des fictions. C’est en créant des fictions et des récits fédérateurs que les humains ont su créer des tribus plus nombreuses et donc mieux s’organiser. Je suis athé non-dogmatique et fidèle (cfr. Comte-Sponville), mais la spiritualité m’intéresse. C’est uniquement dans ces sports d’ultra-endurance qu’on se retrouve à nu, parfois dans des états de grande souffrance ou d’euphorie et allégresse puissants, qu’on redécouvre le caractère primaire de l’humain. On peut vivre des expériences de « transcendance », qui sont très rares et indescriptibles, mais férocement addictives.
Comment concilies-tu cela avec ta vie professionnelle ?
Tout est une question d’organisation et surtout et avant tout d’avoir une vision à long terme du sport. L’avantage de l’ultra-endurance est que ce n’est pas une séance spécifique ou un protocole à suivre qui te permettra de réussir ton objectif, mais surtout la quantité de volume de sport accumulée sur les dernières années. En toute humilité, je n’ai aucune prédisposition génétique qui faciliterait mon développement sur cette passion. C’est accessible à tout le monde, mais c’est un jeu à long terme où les deux mots-clés sont : persévérance et consistance. Denzel Washington disait : « Without commitment, you’ll never start ; Without consistency, you’ll never finish ». C’est uniquement en s’entrainant jours après jours, semaines après semaines et années après années qu’on récolte les bénéfices de son travail. C’est donc une barrière à l’entrée assez forte. Je pense d’ailleurs que c’est ce qui rebute beaucoup de gens à faire ce sport. On est dans une société d’abondance favorisant une culture du temps court (tout, tout de suite). Des mini-séries Netflix, en passant par « l’infinite scroll » d’instagram ou TikTok, ou la gamification de l’éducation, il est difficile d’investir du temps dans quelque chose dont on ne voit pas le résultat immédiatement. Pour ma part avoir un objectif à 5 ans et un plan en accord est quelque chose qui m’excite et me motive chaque jour.
Placer une séance de sport d’une heure chaque jour dans son agenda quand on travaille n’est pas difficile en soi. La grande difficulté réside surtout dans la discipline d’y aller chaque jour, quelles que soient les conditions (pluie, neige, fatigue, stress, etc). C’est un contrat tacite avec soi-même qu’il faut respecter. Les week-ends permettent ensuite de planifier les sorties longues ou spécifiques, et donc plus chronophages.
Enfin, il faut planifier sa saison avec minutie, et ne pas vouloir être trop gourmand. Pour faire le lien avec le conseil, on va généralement définir un seul évènement qui sera l’objectif principal de l’année (le Go-live). On peut ensuite construire en rétro-planning les différents cycles à planifier (travailler la vitesse, l’endurance de force, le dénivelé, etc) sous forme d’un diagramme de Gantt. Enfin, mettre quelques sous-objectifs en amont pour tester la forme et ensuite adapter l’entraînement en fonction (UAT 😉).
Un petit conseil pour des personnes qui souhaiteraient se lancer dans une activité extra-professionnelle ?
C’est ici que je sortirai mon revolver Spinoziste, dans le sens où je suis convaincu qu’il existe des déterminismes sociaux. La vraie question est : « peut-on s’émanciper de nos déterminismes ? ». Si je fais la généalogie de mon parcours, je pense que rien ne m’amenait de manière naturelle à avoir cette passion. C’est un exercice très complexe, mais la première étape consiste à apprendre à se connaître, qui est fondamental pour moi. Ensuite, je dirai qu’il convient d’apprendre à appréhender le temps long et apprivoiser les petites victoires et difficultés du quotidien. Finalement, je mettrai en garde de tomber dans le vice de l’orgueil. La notion d’équilibre est extrêmement importante, et il est facile d’oublier des relations importantes qu’on considère comme acquises. Je conclurai par ce petit dicton : « Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va ».